La chloroquine rend-elle complotiste ?

La Chloroquine rend-elle complotiste ?

Entre arguments d’autorité, logique anti-système et rhétorique de la suspicion, analyse des arguments des soutiens de Didier Raoult.

Le 16 Mars, l’IHU Méditerranée publie une vidéo présentant les résultats spectaculaires d’un nouveau traitement contre le COVID-19. Ce traitement, étudié par le Pr Raoult et son équipe, est composé d’un antiviral et d’un antibiotique : l’hydroxychloroquine et l’azithromycine. Pendant les 20 minutes de vidéo, le professeur livre des détails sur son protocole, ainsi que sa vision de la crise actuelle et des mesures sanitaires. Très critique sur ces dernières, il ne cache pas son opposition à la stratégie du gouvernement et sa méfiance des médias. L’article présentant ces résultats est publié dès le lendemain, le 17 Mars, et disponible depuis sur le site de l’IHU Méditerranée.

Bien que l’étude comporte de nombreux problèmes méthodologiques1Lire à ce sujet l’article du journal suisse Le Temps, le sujet occupe rapidement une place de choix dans les médias et les réseaux sociaux. A la question « La chloroquine est-elle le traitement-miracle contre le COVID-19 ? », tout le monde s’enflamme. Celles et ceux qui voient dans ce traitement une solution presque providentielle sont particulièrement actifs pour défendre cette solution. Sur Facebook, par exemple, certains groupes comme « Dr Raoult vs Coronavirus » cumulent plus de partages sur la plateforme que les pages officielles de médias2Il en est question dans cet article de l’INA.

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Antiféminisme : Hier ne meurt jamais

Antiféminisme : Hier ne meurt jamais

Décryptage de la critique du féminisme sur Twitter ; de la femme objet à la femme instrumentalisée.

« Les féministes sont agressives ». « Je préfère dire humaniste que féministe ». « La guerre des sexes ne nous apportera rien ». « C’est ça le féminisme, pas des débats futiles sur l’utilisation de Mademoiselle ». « L’égalité est déjà là, arrêtons de nous inventer des problèmes ».

Tout le monde a un jour entendu une de ces phrases. Et de très nombreuses personnes s’y reconnaîtront encore aujourd’hui. C’est du moins ce que montre l’enquête « Les français et le féminisme » menée en 2016 par OpinionWay. Pour ne citer que quelques exemples : parmi les personnes interrogées, 70% désapprouvent certains mouvements féministes, les deux tiers déclarent que ces mouvements ne leur donnent pas envie d’être féministes et seule la moitié du panel pense que les mouvements féministes actuels font progresser l’égalité.

Ces critiques du féminisme sont donc très ancrées dans l’opinion, et depuis plus d’un siècle. Interrogée par Glad!, la sociologue Juliette Rennes explique en effet que certaines idées, par exemple que l’égalité est acquise ou que le féminisme a pour but de dominer les hommes, sont déjà présentes dans les écrits de la Belle Epoque. Cet héritage historique n’empêche par ailleurs pas les discours antiféministes d’évoluer. Dans un entretien au Monde, Christine Bard note qu’en réponse au féminisme intersectionnel1Pour lequel l’émancipation des femmes impose de lutter contre l’ensemble des discriminations qu’elles peuvent subir : genre, culture, religion, sexualité, etc. se développe un antiféministe mobilisant une « intersectionnalité des haines », s’attaquant non seulement aux femmes mais aussi aux personnes LGBT, aux étrangers, etc. La chercheuse ajoute que ces idées sont très présentes au sein des discours d’extrême droite, sans pour autant se limiter à ces mouvements.

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Carbone – le privilège du choix

Est-on un pollueur en profitant du Black Friday ? Personne ne mettra en doute que la surconsommation est un fléau pour l’environnement. Mais au-delà de cette question évidente, nous associons parfois le mot « pollution » au lieu d’achat plus qu’au mode de consommation en lui-même. Ainsi, « grande distribution », « e-commerce » ou « made in China » sonnent souvent comme « polluant ». « Pas éthique ». « Pas eco-responsable ». Une culpabilisation dont se passeraient bien ceux qui, tout en étant conscients des enjeux écologiques, n’ont pas toujours les moyens de faire autrement.

Pourtant, intuitivement, une personne ayant peu de moyens consommera peu, sera dans l’économie… et devrait avoir des émissions à gaz à effet de serre plus faibles. Est-ce réellement le cas ? Comment évolue l’empreinte carbone selon le niveau de vie ?

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Qui veut la peau de Greta Thunberg ?

Qui veut la peau de Greta Thunberg ? - Extraits de tweets parlant de Greta Thunberg.

Difficile de passer à côté. A la télévision comme à la radio, sur les réseaux sociaux ou dans la presse, le récent périple de la militante écologiste Greta Thunberg a suscité de très nombreux commentaires, notamment en France. Ces réactions, souvent binaires, font émerger un groupe entier de personnes voyant, dans la militante, une ennemie à combattre. Si les attaques ad-hominem des « anti-Greta » (comme se définit L. Alexandre sur son twitter) ont été analysées et déconstruites ces dernières semaines, les critiques ne se limitent pas à ces tacles assez simples. Il importe donc d’analyser l’argumentaire des « anti », sans se cantonner aux têtes d’affiches, pour mieux comprendre les ressorts de cette opposition.

Qui sont donc ces détracteurs, et quelles idées alimentent leurs critiques de Greta Thunberg ?

Analyse des discours des anti-Greta, à travers un réseau social sur lequel ils sont particulièrement actifs : Twitter. L’occasion de faire la part entre forme et fond, et de découvrir le lien entre immigration, progrès, et Greta Thunberg.

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