Antiféminisme : Hier ne meurt jamais

Antiféminisme : Hier ne meurt jamais

Décryptage de la critique du féminisme sur Twitter ; de la femme objet à la femme instrumentalisée.

« Les féministes sont agressives ». « Je préfère dire humaniste que féministe ». « La guerre des sexes ne nous apportera rien ». « C’est ça le féminisme, pas des débats futiles sur l’utilisation de Mademoiselle ». « L’égalité est déjà là, arrêtons de nous inventer des problèmes ».

Tout le monde a un jour entendu une de ces phrases. Et de très nombreuses personnes s’y reconnaîtront encore aujourd’hui. C’est du moins ce que montre l’enquête « Les français et le féminisme » menée en 2016 par OpinionWay. Pour ne citer que quelques exemples : parmi les personnes interrogées, 70% désapprouvent certains mouvements féministes, les deux tiers déclarent que ces mouvements ne leur donnent pas envie d’être féministes et seule la moitié du panel pense que les mouvements féministes actuels font progresser l’égalité.

Ces critiques du féminisme sont donc très ancrées dans l’opinion, et depuis plus d’un siècle. Interrogée par Glad!, la sociologue Juliette Rennes explique en effet que certaines idées, par exemple que l’égalité est acquise ou que le féminisme a pour but de dominer les hommes, sont déjà présentes dans les écrits de la Belle Epoque. Cet héritage historique n’empêche par ailleurs pas les discours antiféministes d’évoluer. Dans un entretien au Monde, Christine Bard note qu’en réponse au féminisme intersectionnel1Pour lequel l’émancipation des femmes impose de lutter contre l’ensemble des discriminations qu’elles peuvent subir : genre, culture, religion, sexualité, etc. se développe un antiféministe mobilisant une « intersectionnalité des haines », s’attaquant non seulement aux femmes mais aussi aux personnes LGBT, aux étrangers, etc. La chercheuse ajoute que ces idées sont très présentes au sein des discours d’extrême droite, sans pour autant se limiter à ces mouvements.

Continuer la lecture de « Antiféminisme : Hier ne meurt jamais »